Voir et revoir, sentir, entendre, rien n’est jamais vécu une seule fois. Toutes les images que j’ai emmagasinées attirent d’autres images qui tapissent le fond de ma mémoire et servent de guide à mes voyages intérieurs. Alors que je les croyais oubliées, elles ressurgissent à chacun de mes mouvements.
Entre présence et absence, entre connaissance et oubli, une image s’échappe de temps à autre d’un fonds d’oubli.
Dans le même mouvement les faits viennent à moi et s’éloignent comme repoussés par une trop grande proximité. Je n’en ai jamais fini avec les moments de ma vie, les événements les plus minimes tourbillonnent autour de moi, infernal manège dont je ne parviens pas à enrayer le mécanisme.
Des couches entières se superposent et sédimentent ma mémoire encombrée, mais il m’arrive aussi de voir briller quelques pépites dans ces associations inattendues où se confondent mes rêves, mes fantasmes, des faits réels et des souvenirs fabriqués. Je dispose à loisir d’une palette de couleurs et de matières comme un peintre dans sa recherche incessante. De découvertes magiques ou incongrues, entre flux et reflux, dans un brouillage de tous mes sens, les couleurs de ma vie explosent.

Karel Appel Musée d’Art Moderne Paris

Karel Appel

Karel Appel