En descendant la rue des Martyrs, je levais souvent les yeux au même endroit.
Derrière les vitres de hautes fenêtres d’un atelier, j’apercevais alors des masques gigantesques en papier mâché entreposés là, des personnages de carnaval et de corso fleuri, figures grotesques inanimées.
L’immeuble a été rasé depuis peu et, sur le mur sont apparues, réapparues plus exactement deux grandes affiches publicitaires protégées par du plastique. Ripolin et la liqueur Bénédictine. Des vestiges des années 50 ou 60. Parfaitement intactes avec des couleurs que l’on devine encore brillantes et vives derrière le plastique qui les protège.
Une coupe verticale dans le temps pour une véritable archéologie des villes, le feuilletage des pages d’un livre qui nous transporte brusquement dans un autre temps figé mais encore lisible.