De l’Allemagne

Elle marche dans les villes allemandes.

Le long du Neckar, elle suit du regard la ligne de l’eau et des collines boisées.

À Heidelberg la tranquille, elle laisse l’apaisement s’installer doucement en suivant les contours des paysages.

Mannheim. Würzburg. Rothenburg. Une partie d’elle-même répandue dans ces paysages dits « romantiques ». Des ruelles aux façades préservées, maintenues dans une identité historique  abusive contrastent avec des rues d’une largeur démesurée entièrement reconstruites après les bombardements alliés de 1945. Elle traverse ce choc des mémoires, lit  les récits  commémoratifs, regarde les images des ruines qui tapissent les murs d’une salle d’exposition où figure aussi la maquette de la ville au lendemain des bombardements alliés. Würzburg après le 9 mars 1945.  Elle évite d’écouter les commentaires de deux couples allemands regardant les photographies placardées aux murs, le discours d’un maire de la ville, mais ne peut éviter d’entendre les exclamations de stupéfaction et d’horreur. Sa gêne, son malaise la poussent à abréger sa visite. Les morts civils, femmes et enfants contre les morts des camps de concentration gazés et exterminés. Une comparaison insupportable.

L’Allemagne, se dit-elle, a peu de morts héroïques à présenter à sa conscience. Elle se souvient de G.W. Sebald, un des premiers écrivains allemands à avoir déploré les morts et les destructions des bombardements alliés, et à avoir été accusé par des universitaires américains de « négationnisme ».


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