Se souvenir du vert

Nous faudra-t’il bientôt renoncer au vert ?

La transformation se fera lentement, des feuilles sèches prendront la place de ce « vomissement de vert » évoqué naguère par Francis Ponge.

Viendront des ocres, des bruns, et cette couleur rousse qui se déploiera sur les arbres, les haies et les buissons tels une chevelure mousseuse.

Viendront des paysages brumeux éliminant peu à peu les éclats de vert, tous ces éblouissements lumineux et les couleurs se terniront.

Nous aurons à nous déshabituer du vert, ne le voyant plus nous n’aurons plus besoin de le voir, nous éliminerons le vert de notre palette de couleurs.

Et devons-nous aussi, comme des arbres fragiles et tremblants, nous dépouiller de certaines nuances de notre vie pour survivre et résister aux assauts et aux frimas de l’hiver? Devrons-nous nous transformer lentement jusqu’à nous dénuder et trouver d’autres forces ailleurs?

En attendant, nous aurons à nous souvenir du vert.

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Attendre encore

Combien de temps encore devrons nous attendre de voir le gris

se colorer un peu

pour que nous puissions enfin nous réjouir et nous délecter d’un débordement de vert, de bleu

et pour qu’un souffle revienne nous faire frissonner au spectacle d’une palette de couleurs

qui viendrait d’un coup de pinceau raviver le paysage qui nous entoure

Et redonner leur éclat dans nos yeux hivernaux, fatigués et ternes.