Quelques instants sur une plage

Quelques instants sur une plage de Fécamp.
Les galets  s’entrechoquent au mouvement régulier des vagues qui les polissent tandis que je me demande ce qui bouge ainsi inexorablement au fond de moi, quel est ce mouvement de flux et de reflux qui me tourne légèrement la tête ?
C’est ce même mouvement inexorable entre le flot d’événements qui m’entraîne dans son tourbillon, quelquefois en dehors de ma volonté et l’équilibre que je cherche à garder, qui me donne l’espoir qu’après ce flux, viendront l’apaisement, la résolution, le reflux qui emportera tout ce qui doit être abandonné.
Et nous pourrions sortir vainqueurs de cette force qui use et affine en même temps, si nous nous laissions transporter. Nous pourrions alors, au prix d’un léger vertige, nous démunir de ces vieux oripeaux qui nous encombrent et ne nous apportent la plupart du temps plus aucun plaisir.

J’ai longtemps cru qu’écrire était se débarrasser d’une surcharge de mots coincés au fond de notre gorge, qu’il s’agissait de déverser un trop-plein en remplissant une page blanche alors que peut-être les mots ne peuvent venir qu’après ce lent travail de polissage.