Chaque déambulation nous sollicite et nous offre matière à rêverie ou à méditation. Comme un signe ou un appel quelque chose nous happe sur notre chemin à chacun de nos pas.
Pas un caillou pas un arbre pas une brindille qui ne soient à même de faire surgir ce que nous n’attendions pas.
Chaque mousse nous parle et dessine pour nous des formes que nous gardons en mémoire. Minérales, végétales, vivantes, elles deviendront les canevas de ce que nous verrons encore. Chaque œuvre d’art est la reconnaissance inconsciente de ce que nous avons déjà vu, de ce qui était déjà inscrit. À chacun de nos pas nous rencontrons ce que nous possédons déjà au fond de nous.
Je me vois et me reconnais dans les flaques d’eau boueuse sur mes chemins hivernaux, dans la surface brillante des plaques de glaces ou dans l’eau vive des ruisseaux en été. Le ciel s’y reflète et notre vision artistique nous vient des formes et des contours que nous avons croisés partout sur notre parcours. Me revient la vision de toutes les branches tordues, des rochers dans lesquelles l’enfant que j’étais entrevoyait des têtes d’animaux ou de personnages énigmatiques, de tous ces nuages qui prenaient des contours d’objets connus ou de personnes, des plis du rideaux qui s’agitaient la nuit dans ma chambre.
La promeneuse que je suis devenue ranime sur son passage toute cette vie imaginaire de l’enfant qu’elle était, l’enfant qui savait transformer les apparences.